Qualité de vie au travail : assistons-nous à un “backlash” ?

La crise sanitaire a marqué un tournant dans l’organisation du travail, accélérant le développement du télétravail et renforçant la prise de conscience autour des conditions de travail. Pourtant, cinq ans après, si certaines évolutions ont perduré, de nombreux secteurs connaissent une intensification du travail et une pression accrue. Les travailleurs de première et deuxième lignes, qui ne pouvaient télétravailler, continuent d’alerter sur la dégradation de leurs conditions : surcharge de travail, polyvalence imposée, baisse des effectifs. Dans les bureaux, le télétravail a permis un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée, mais il s’accompagne aussi de nouvelles attentes en matière de productivité et d’un contrôle parfois renforcé. Les études récentes, comme le baromètre « Santé mentale et QVCT », réalisé par Ipsos fin janvier, et d’autres études, soulignent une stagnation, voire une dégradation de la santé mentale des salariés. L’absentéisme, le stress et le désengagement progressent, notamment chez les cadres, les jeunes et les femmes. Le management est aussi en question : souvent jugé trop vertical, il peine à s’adapter aux nouvelles attentes des salariés. Face à ces évolutions, une question se pose : assiste-t-on à un backlash, une reprise en main des employeurs ? Ou bien ces tensions témoignent-elles d’un rééquilibrage encore en cours, entre besoin de flexibilité et nouvelles exigences des travailleurs ?