Le Baromètre Actineo esquisse le bureau de demain selon les actifs
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Le Baromètre Actineo esquisse le bureau de demain selon les actifs

Le rapport au travail évolue sous l’effet du télétravail et de la quête de flexibilité. Les collaborateurs recherchent plus d’autonomie tout en exprimant un besoin de sociabilité. Face à ces mutations, le bureau doit se réinventer. Le Baromètre Actineo 2025 met en lumière ces transformations et dessine les perspectives du bureau de demain.

Le bureau n’est plus un simple lieu de travail. Il est devenu le reflet des évolutions sociétales, des mutations organisationnelles et des nouvelles aspirations des collaborateurs. Le Baromètre Actineo 2025, réalisé par Sociovision (Ifop) pour l’Ameublement français, en partenariat avec Saguez & Partners, souligne ces transformations et questionne l’avenir du bureau à l’ère du télétravail. Entre quête de flexibilité, perte de sens du travail et nécessité de recréer du collectif, les entreprises doivent aujourd’hui repenser leur workplace pour répondre à des attentes contrastées. Comment réinventer le bureau pour en faire un levier d’engagement et de performance, tout en intégrant ces nouvelles aspirations ?

« Les résultats de l’enquête 2025 du Baromètre Actineo révèlent des résultats particulièrement riches et disruptifs, qui mettent en lumière trois enjeux majeurs de l’organisation de la vie au travail : un enjeu RH, avec des réponses à apporter sur l’attractivité, le besoin de reconnaissance, la prise en compte de la santé des salariés et du handicap invisible ; un enjeu managérial essentiel pour motiver, engager les équipes et renforcer leur performance collective ;un enjeu de vie collective, pour que la qualité des relations entre collègues reste un moteur fort, que les salariés soient fiers d’appartenir à leur entreprise, que les besoins de concentration soient mieux pris en compte et que l’ambiance au travail, aidée par des aménagements réussis, soit conviviale, créative, sérieuse et amusante à la fois », résume Odile Duchenne, directrice générale d’Actineo

Le télétravail, une révolution sociétale

Longtemps marginal, le télétravail s’est imposé comme l’un des changements les plus profonds du monde du travail. Aujourd’hui, 47 % des actifs pratiquent le télétravail, occasionnellement ou régulièrement, et 78 % d’entre eux travaillent principalement depuis leur domicile, d’après les données du Baromètre. Un chiffre à rapprocher de ceux du premier Baromètre du télétravail en tiers-lieux, réalisé conjointement par l’Ifop et France Tiers-Lieux, qui illustrent que l’hégémonie de cette pratique est à relativiser sur l’ensemble des secteurs d’activités. Si cette évolution répond à une quête de flexibilité et d’autonomie, elle soulève également des défis organisationnels majeurs.

D’un côté, les salariés plébiscitent cette nouvelle organisation du travail : 77 % déclarent être plus efficaces chez eux, et 49 % se disent prêts à démissionner si cette possibilité leur était retirée. Le télétravail est ainsi devenu un acquis, voire un critère décisif dans le choix d’un emploi pour 80 % des télétravailleurs actuels ou potentiels. Mais cette évolution heurte la vision des dirigeants et des managers, dont 70 % estiment qu’il complique le travail en équipe.

Face à cette tension entre individualisation du travail et nécessité de recréer du collectif, les entreprises s’interrogent : faut-il limiter le télétravail pour préserver la culture d’entreprise et la cohésion des équipes, ou au contraire s’adapter à cette mutation et faire évoluer l’organisation du travail ? Aujourd’hui, 40 % des managers envisagent de réduire le télétravail, tandis que 13 % souhaitent un retour au 100 % présentiel. Loin d’être tranché, le débat questionne le rôle même du bureau dans les années à venir.

La valeur travail s’effrite

Le Baromètre Actineo 2025 révèle une transformation plus profonde encore : la place du travail dans la vie des actifs n’a jamais été aussi remise en question. Si 76 % des actifs estiment que leur travail à un impact positif sur leur vie, cette perception masque une réalité plus contrastée. La recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et personnelle devient une priorité absolue : 65 % des salariés se disent prêts à sacrifier leur emploi pour préserver leur qualité de vie.

Ce phénomène s’accompagne d’une dépréciation du sens du travailphénomène que deux études commanditées par Indeed et HP relevaient déjà fin 2023. Le Baromètre Actineo note que 60 % des actifs considèrent que leur emploi manque de sens. Ce sentiment est particulièrement marqué chez la génération Z, 67 % des jeunes salariés avouant « faire juste ce qu’il faut, sans plus ». Ce désengagement se retrouve aussi au sein des grandes entreprises : l’engagement chute à 57 % dans les structures de plus de 1 000 salariés, contre 74 % dans les TPE. Le travail n’est plus la pierre angulaire de la vie des Français, 65 % des actifs disent être prêts à sacrifier leur emploi au profit de leur vie personnelle.

Les symptômes de ce malaise se traduisent par la popularisation de concepts tels que le quiet quitting, le bare minimum Monday ou encore le coffee badging, révélateurs d’un rapport plus instrumental au travail. Parallèlement, 38 % des actifs estiment que leur emploi nuit à leur santé psychique, un chiffre qui grimpe à 53 % chez la génération Z. Face à cette situation, les entreprises doivent repenser leur approche managériale et redéfinir leur promesse employeur pour redonner du sens au travail.

En 35 ans, le travail a perdu de son importance, au profit des loisirs et des relations sociales. - © Sociovision / Actineo

Une quête de flexibilité et de liberté

Si le rapport au travail évolue, c’est aussi parce que les attentes en matière de flexibilité s’intensifient. 59 % des télétravailleurs souhaitent pouvoir choisir librement leurs jours de présence au bureau, refusant une organisation trop rigide. Cette demande s’inscrit dans un besoin plus large de flexibilité et de liberté, avec 36 % des actifs qui aimeraient passer à la semaine de quatre jours, en conservant les 35 heures pour des raisons économiques.

Mais cette flexibilité n’exclut pas la nécessité de conserver des temps de sociabilité et de collaboration. Si le télétravail est apprécié, 82 % des salariés se disent heureux de retrouver leurs collègues lorsqu’ils reviennent au bureau. La clé réside donc dans un équilibre subtil entre autonomie et collectif, où chacun peut ajuster son organisation selon ses besoins tout en maintenant un lien avec son entreprise.

Cette transformation interroge aussi le rôle des managers, entre l’attente de flexibilité des équipes et la nécessité d’assurer une cohésion et une dynamique collective. Loin d’être opposées, ces deux dimensions doivent se compléter pour permettre aux entreprises de répondre aux attentes de leurs collaborateurs sans sacrifier leur performance.

La liberté et la flexibilité deviennent des critères majeurs pour choisir ou rester dans un emploi. - © Sociovision / Actineo

Réinventer le bureau

Plutôt que d’être relégué au second plan, le bureau doit évoluer pour répondre aux nouveaux besoins des collaborateurs. Les entreprises doivent relever ce défi en repensant leurs aménagements, en offrant plus de flexibilité et en redonnant du sens au travail. Un pari ambitieux, mais nécessaire pour attirer et fidéliser les talents de demain.

En matière d’aménagement des bureaux, le Baromètre Actineo 2025 souligne que la concentration reste une priorité, avec 44 % des salariés plébiscitant des bureaux fermés accessibles en l’absence de leur occupant et 25 % réclamant des bulles de confidentialité. La dimension collaborative n’est pas en reste, puisque 32 % des actifs jugent essentielles les salles de réunion en libre accès, tandis que 25 % privilégient de petites salles adaptées au travail en binôme.

Parallèlement, la convivialité s’affirme comme un facteur clé d’attractivité du bureau, 39 % du panel souhaitant davantage d’espaces café/thé et 31 % réclamant une cuisine en libre accès. Enfin, le lien avec la nature apparaît incontournable : près d’un salarié sur deux (49 %) estime indispensable de disposer d’espaces extérieurs, aussi bien pour travailler que pour se détendre.

Par ailleurs, 66 % des actifs de la GenZ plébiscitent du mobilier de seconde main, signe d’un intérêt croissant pour des bureaux plus responsables. 30 % des jeunes générations souhaitent également des espaces axés sur l’économie circulaire et la consommation responsable.

Les attentes autour des espaces de travail évoluent avec une multiplication des usages et des services - © Sociovison / Actineo

Vers des bureaux plus verts et plus inclusifs

Le lien avec la nature devient un critère majeur dans l’aménagement des espaces de travail. 49 % des actifs estiment indispensable de pouvoir accéder à un espace extérieur, que ce soit pour travailler ou se détendre. La lumière naturelle et la végétalisation des bureaux sont également plébiscitées par 22 % des sondés. Une autre tendance émerge : l’ouverture des bureaux aux animaux de compagnie, avec 19 % des salariés estimant que leur présence les inciterait à venir plus souvent et 23 % dont l’entreprise propose déjà des services de pet-sitting.

En parallèle, l’inclusivité reste un enjeu majeur : seuls 25 % des actifs jugent leur environnement professionnel adapté aux besoins des seniors et des personnes en situation de handicap. Pourtant, 24 % des salariés déclarent rencontrer des difficultés à entendre sans oser le signaler, et 21 % vivent avec un handicap invisible qu’ils préfèrent cacher. Ces chiffres soulignent la nécessité d’un bureau qui garantit la prise en compte accrue des besoins spécifiques, pour rendre les bureaux accessibles à tous.

Le bureau idéal allie espaces fermés, nature, convivialité et services pour attirer toutes les générations. - © Sociovision / Actineo

Le télétravail, loin d’avoir condamné le bureau, l’a obligé à se réinventer. L’évolution des bureaux devient ainsi un enjeu stratégique pour les entreprises, qui doivent conjuguer performance, services et bien-être pour attirer et fidéliser leurs talents. C’est particulièrement le cas pour les jeunes générations, qui affichent des attentes spécifiques, alors que 54 % des GenZ s’ennuient au travail, contre 32 % en moyenne.

Face aux nouvelles attentes des collaborateurs, les entreprises doivent repenser leurs aménagements pour faire passer les environnements de travail du « contrat de base » au « contrat de différenciation ». Cette évolution représente une opportunité majeure de réinventer l’expérience du travail et répondre aux aspirations d’une nouvelle génération de talents qui se détache de la valeur travail traditionnelle.