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La majorité des entreprises européennes voient dans la CSRD une opportunité

La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), la directive sur le reporting de durabilité, a été largement présentée comme une contrainte notamment par certaines organisations patronales. Trop de données à collecter, des démarches trop complexes pour les synthétiser, une charge administrative trop importante… Voilà la petite musique qui monte depuis que la directive est entrée en vigueur en début d’année.

Pourtant, un sondage réalisé par le cabinet de conseil PwC, et mené auprès d’entreprises européennes, vient démonter cette idée. Menée auprès de 547 dirigeants d’entreprises soumises à la CSRD opérant en Europe, dont 60% ayant leur siège dans l’Union Européenne, l’enquête montre que la plupart d’entre elles, notamment celles qui sont déjà engagées dans la réalisation de leur reporting de durabilité en vue d’une publication l’an prochain, semblent sereines quant à leur capacité à prendre en charge cette nouvelle obligation. Un certain nombre voit même dans la CSRD une opportunité à saisir pour améliorer leurs processus internes.

Un avantage compétitif

Parmi les dirigeants dont l’entreprise doit publier un reporting en 2025, 57% voient ainsi dans la CSRD un levier pour améliorer leur performance environnementale. 52% y voient une manière de mieux engager leurs parties prenantes externes et internes. Pour la moitié d’entre eux, la CSRD est même un outil utile pour mieux gérer et atténuer les risques pour les entreprises. “La directive ne constitue pas seulement une nouvelle obligation majeure en matière de reporting, mais surtout une opportunité pour les dirigeants de comprendre plus en profondeur comment la durabilité remet en question les modèles économiques actuels et crée des opportunités de croissance et de réinvention” résume le rapport.

D’autres encore citent parmi les bénéfices de la mise en œuvre de la CSRD l’accès à un capital à moindre coût, dans un contexte où de plus en plus d’investisseurs sont attentifs aux données ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) fournies par les entreprises. En matière de gouvernance, la CSRD permet aussi “une transparence accrue et des données plus robustes, cohérentes et comparables [qui] seront bénéfiques pour répondre aux attentes des investisseurs et des parties prenantes” selon Nadja Picard, associée chez PwC et chargée de l’étude. Des données qui permettront aussi de mieux identifier les impacts et les coûts sociaux et environnementaux des activités économiques, et donc permettront aux entreprises de mettre en place des politiques plus efficaces de réduction des coûts et des gaspillages pour optimiser leurs revenus. En résumé, près d’une entreprise sur deux identifie dans la CSRD un réel avantage compétitif.

CSRD : les entreprises en bonne voie

Quant à la mise en œuvre de la directive, environ 95% des entreprises européennes disent être confiantes sur le fait qu’elles seront prêtes dans les temps. 80% ont d’ailleurs déjà complété (ou sont en voie de le faire) leur analyse de double matérialité, et près des deux tiers sont déjà engagées dans la récolte des données. Signe que la mise en œuvre de la CSRD est en bonne voie, malgré quelques blocages qui persistent.

Selon Kevin O’Connell, expert ESG au sein de PwC, c’est surtout “la disponibilité des données, la complexité de la chaîne de valeur et le manque de moyens humains” qui constituent les “principaux obstacles auxquels les entreprises sont confrontées alors qu’elles se préparent à la directive sur les rapports de développement durable”. C’est notamment le cas pour les entreprises multinationales dont les chaînes d’approvisionnement s’étendent à travers de nombreux pays, et pour lesquelles il n’existe pas toujours une traçabilité effective.

En dépit de ces obstacles, peu à peu les entreprises se structurent et impliquent l’ensemble de leurs directions dans ce projet nouveau qu’est la CSRD. Plus de 75% des entreprises interrogées ont ainsi déjà engagé leurs équipes de durabilité, leur direction financière et leurs comités exécutifs dans la démarche, dans le cadre d’un pilotage partagé du reporting. Malgré les critiques dont elle a fait l’objet, la CSRD, semble donc en bonne voie pour s’intégrer dans le quotidien des entreprises européennes, et devenir un incontournable des stratégies de responsabilité sociale des entreprises. ■

Source : Novethic