La congestion urbaine ne cesse de s’amplifier dans les grandes villes
Dans la 13e édition du TomTom Traffic Index, le spécialiste des technologies de géolocalisation fournit des données et des informations sur les tendances du trafic dans 387 villes de 55 pays en 2023. Les données montrent une dégradation des conditions de circulation pour les trajets domicile-travail.
Si la voiture reste le mode de transport utilisé par les trois quarts des actifs en France, son usage dans la plupart des grandes métropoles du monde ne faiblit pas. En témoignent les résultats du Traffic Index élaboré chaque année par le spécialiste de la géolocalisation TomTom et basé sur les données que remontent chaque jour plus de 600 millions de systèmes de navigation et de smartphones à travers le monde.
Pour chaque ville, TomTom calcule le temps de trajet moyen par kilomètre à partir du cumul de temps pris pour parcourir les millions de kilomètres empruntés sur l’ensemble du réseau en 2023. Et la tendance pour 2023 confirme la baisse générale des vitesses moyennes dans la plupart des villes. Sur les 387 villes analysées dans le Traffic Index, 82 ont vu leur vitesse moyenne rester inchangée, et 77 ont connu une vitesse moyenne plus élevée (correspondant à des temps de trajet plus courts) que l’année précédente*. En revanche, dans les 228 villes restantes, les vitesses moyennes ont diminué. Ainsi, à Londres et à Dublin, les deux villes où la vitesse moyenne est la plus faible, le temps de parcours pour un trajet de 10 km a augmenté de 1 minute par rapport à 2022.
Que de temps perdu au volant
Le Traffic Index de TomTom indique les temps de trajet dans différentes villes et les classe en fonction de la vitesse la plus lente dans chaque ville.
Ces temps de trajet moyen sont le résultat de facteurs statiques tels que la configuration du réseau routier, le nombre d’intersections et de feux, la proportion de voies rapides ou les limitations de vitesse, et de facteurs dynamiques tels que les embouteillages, les travaux routiers, le mauvais temps… qui modifient le flux de circulation.
De Paris à Lima, en passant par Bordeaux, Londres ou Toronto, la plupart des villes analysées enregistrent des temps de trajet plus élevés en 2023 par rapport à 2022. à noter que ces chiffres sont une moyenne sur les sept jours de la semaine
Dans des conditions de circulation optimales (sans bouchons) ou seuls les facteurs statiques impactent la vitesse moyenne, c’est à Nancy que la vitesse moyenne est la plus basse, précise TomTom. Toutefois, les facteurs dynamiques y ont impact moins important qu’à Paris, Bordeaux ou Lyon, les trois villes où les temps de parcours sont les plus élevés.
En complément, le Traffic Index mesure le temps perdu sur un même trajet de 10 km. Ce classement tient compte uniquement de l’impact des ralentissements qui font plus ou moins chuter la vitesse de base atteinte lorsque les conditions de circulation sont totalement fluides. En 2023, un Parisien voit son trajet ralenti de 53 secondes par kilomètre roulé en raison de la congestion – soit un surplus de 8 minutes 50 secondes pour un trajet-type de 10 kilomètres, marquant une hausse de 34 secondes par rapport à 2022. Il s’agit du plus mauvais résultat affiché par une ville française, devant Bordeaux (8’, stable vs. 2022) et Lyon (5’38’’, +20’’ vs. 2022).
Au niveau mondial, Londres est la ville dans laquelle les automobilistes voient leur temps de trajet le plus allongé par rapport au temps de trajet optimal, avec 1’15’’ de perdue par kilomètre roulé, soit 12’31’’ de plus pour un trajet de 10 km.
Effets décuplés aux heures de pointe
Outre les données globales sur l’ensemble de la semaine, le Traffic Index affine son analyse en regardant spécifiquement la situation aux heures de pointe pour en mesurer les impacts. Dès lors, Paris est la ville où les automobilistes perdent le plus de temps dans les embouteillages aux heures de pointe. Alors qu’un actif francilien passe en moyenne 1h06 dans sa voiture pour effectuer un trajet type de 10 kilomètres deux fois par jour aux heures de pointe du matin et du soir, près de la moitié (31 minutes) de ce temps de trajet est perdu à cause du trafic. Les automobilistes qui effectuent ce trajet quotidiennement ont ainsi passés 120 heures dans les embouteillages en 2023, soit près de 11 heures de plus qu’en 2022.
En plus du temps perdu dans la congestion, ce phénomène n’est pas neutre financièrement. L’augmentation du prix de l’essence et de la consommation de carburant due à l’allongement de la durée des trajets ont eu également un impact évident sur le budget des automobilistes devant utiliser leur voiture tous les jours pour se rendre au travail. Dans plus de 60 % des 351 villes où TomTom évalue les prix des carburants, le budget moyen en carburant a augmenté de 15 % ou plus entre 2021 et 2023. Cette augmentation de la consommation a aussi eu un impact direct sur les émissions de CO2 des véhicules.
Ainsi, un Parisien se rendant chaque jour aux heures de pointe sur son lieu de travail situé à une distance de 10 kilomètres (soit 20km aller/retour) a dépensé 934 euros en essence ou 800euros en diesel. Le trafic a un impact significatif sur le budget des automobilistes : les embouteillages leur ont « coûté » 288 euros pour une voiture essence, soit 45 % plus cher en frais d’essence que si ce trajet était effectué en conditions optimales (646 euros).
Alors que plus de la moitié de la population mondiale vivant dans des zones urbaines, la congestion du trafic et ses conséquences économiques, écologiques et sanitaires sont devenues un problème auquel les villes doivent s’attaquer. Selon une étude de McKinsey citée par TomTom, l’usage par les municipalités des données de trafic en temps réel pour alimenter des algorithmes d’optimisation de la logistique routière peut réduire de 15 à 20 % la durée des trajets domicile-travail dans les villes. Les données peuvent être utilisées pour prévenir les embouteillages grâce à une synchronisation intelligente des feux de circulation, des limitations de vitesse variables et des alertes en temps réel indiquant aux conducteurs les itinéraires les plus rapides.
*Pour un trajet domicile-travail de 10 kilomètres effectué 2 fois par jour aux heures de point
Source : Républik Workplace