FM : vers une polyvalence des compétences ?
Et si la multicompétence permettait d’apporter davantage de valeur ajoutée aux contrats de Facility Management (FM) ? Déjà mis en œuvre dans certains pays européens, ce modèle apporte plusieurs bénéfices. Mais il peine encore à se développer en France. Pour systématiser cette démarche au niveau nationa1, des freins restent à lever.
Plusieurs bénéfices
Ces quelques exemples l’attestent : créer de la multicompétence permettrait d’améliorer l’efficacité des équipes et donc de générer plus de performance sur le site. « Cela éviterait les multi-déplacements, ce qui limiterait aussi l’impact carbone », indique Éric Lefiot. Par ailleurs, ce modèle apporterait des bénéfices aux collaborateurs du FM, en leur permettant d’exécuter des tâches élargies, à plus haute valeur ajoutée. « L’idée est que la polyvalence tire les métiers vers le haut. L’objectif n’est pas de dégrader le niveau de compétence des collaborateurs avec des tâches à moindre valeur ajoutée », assure Christophe Leroy, Secrétaire général du SYPEMI.
Ce développement de compétences permettrait aux opérateurs du FM d’avoir accès à des formations et, in.fine, d’obtenir une revalorisation de leur fonction, « ce qui inclut, notamment, un meilleur niveau de rémunération », souligne Éric Lefiot. Autre gain social: l’amélioration des conditions de travail pour les salariés du FM. En effet, la polyvalence offrirait la possibilité de créer des postes à temps plein, sur des métiers qui sont habituellement à temps partiel, comme les contrats de propreté.
« En créant de la polycompétence, nous pourrions élargir le nombre d’heures de présence du salarié sur un site et ainsi densifier le nombre de temps pleins », confirme Christophe Leroy. Un enjeu de taille, alors que ces salariés ne peuvent pas bénéficier des avantages sociaux induits par les nouvelles organisations de travail telles que le télétravail. « Créer les conditions de temps plein complet serait une amélioration significative des conditions de travail pour ces métiers des services », constate Éric Lefiot. La multicompétence dans le FM fait également sens dans un contexte où l’hybridation des modes de travail amène de plus en plus les salariés à travailler chez eux ou dans des tiers-lieux.
« La notion de service va sans doute se territorialiser et nous ne pourrons pas affecter des tâches individuelles à chaque métier », observe Éric Lefiot. Il est par exemple complexe de faire appel à une multitude d’acteurs sur des petites surfaces de bureaux, où il convient plutôt de favoriser la polyvalence des prestations. « Créer de la multicompétence sur des tiers lieux a sûrement beaucoup d’intérêt », estime Éric Lefiot.
Des freins à lever
Pour autant, le déploiement en France de ce modèle se heurte à quelques obstacles. En effet, chaque métier du FM relève de conventions collectives de branche spécifique, qui rendent difficile cette polyvalence. Dans ce contexte, le SYPEMI a mené une étude sur la multicompétence dans le FM en Europe. « L’idée était d’identifier les pratiques dans les autres pays européens, afin de voir ce que cela pourrait apporter en France », explique Christophe Leroy. L’étude révèle que certains pays, comme l’Espagne, l’Italie, le Danemark ou encore le Royaume-Uni favorisent naturellement la polycompétence par le biais de conventions collectives mais aussi dans la contractualisation des contrats de travail.
En parallèle, le syndicat a aussi réalisé une enquête pour étudier les différentes possibilités juridiques de créer de la multicompétence dans les métiers du FM. « Dans l’Hexagone, il est juridiquement possible de mettre en place de la polyvalence, en créant une convention collectives spécifique, par exemple. Cependant cela ne semble pas être la piste à privilégier car l’État est depuis quelques années dans une dynamique de regroupement et non de multiplication des conventions collectives», détaille Éric Lefiot. Autre alternative : les accords d’entreprise, qui offrent la possibilité de mettre en place un statut conventionnel d’opérateur FM polyvalent. « Mais ce schéma n’est pas suffisamment incitatif car il relève de la volonté propre de chaque entreprise. Il faudrait imaginer un cadre plus large qui puisse autoriser et faciliter cette polyvalence», indique Christophe Leroy. Le SYPEMI a entamé des pistes de réflexion, en collaboration notamment avec le groupement des professionnels de services (GPS), pour mettre en place un véhicule juridique permettant d’instaurer cette polyvalence à l’échelle nationale. « Il ne faut cependant pas dupliquer la polyvalence n’importe où, n’importe comment et dans n’importe quelles conditions.
Il est important d’examiner chaque cas à l’aune des métiers et des sites», met en garde Éric Lefiot. Selon le Président du SYPEMI, la multicompétence se doit d’être attractive pour tous : l’opérateur, le client et ses collaborateurs. De fait, le SYPEMI élabore actuellement une grille des polyvalences possibles en fonction des métiers du FM. Celle-ci sera présentée d’ici la fin de l’année. Une approche innovante, qui permettra de créer de la valeur servicielle en sortant du modèle traditionnel.
Source : Workplace