Face aux factures qui flambent, le télétravail remis en question par les salariés ?
Le gouvernement a beau multiplier les annonces pour encourager les entreprises à intensifier le recours au télétravail, les salariés du privé font tout pour éviter que les hausses des prix de l’énergie pèsent sur leurs finances en revenant massivement au bureau.
Julie est content manager dans une start-up depuis fin 2019. Bien avant l’arrivée du covid et des complications qui ont suivi, son entreprise proposait déjà du télétravail à la carte. Enthousiasmée par cette pratique, la jeune femme a rapidement pris l’habitude de se rendre dans les bureaux situés dans le centre de Paris une à deux fois par semaine ; juste ce qu’il faut pour garder un lien physique avec ses collègues. Depuis que la situation sanitaire semble s’être apaisée, elle aime également travailler dans les cafés et les espaces de coworking. Elle ajuste son environnement professionnel à ses envies et ses rendez-vous. Pour son voisin de palier en revanche, la situation est un peu plus inconfortable. Matthieu travaille tous les jours chez lui pour un studio d’animation américain qui a fermé les bureaux de sa filiale française, il y a bientôt deux ans. Équipé de deux écrans et d’un serveur très énergivore par son employeur, il est bloqué dans un espace qui lui sert à la fois de salon, de chambre et de bureau. Et maintenant que le gouvernement prévoit une hausse d’au moins 10% des prix de l’énergie au 1er 2023, il cherche un moyen de réduire le montant de ses factures d’électricité.
Les salariés autrefois en télétravail reviennent au bureau
Les situations de ces deux jeunes sont loin d’être anecdotiques et l’engouement des salariés pour le télétravail semble s’amenuiser à mesure que les prix de l’énergie augmentent.« Dans mon entreprise, il n’y a pas d’indemnité forfaitaire prévue pour les jours de télétravail, explique Julie. Et comme je suis dans un petit logement mal isolé, depuis septembre, j’ai tendance à venir beaucoup plus souvent dans les locaux de mon entreprise pour éviter que mes dépenses d’énergie explosent. D’ailleurs, je compte bien passer l’hiver au bureau ou dans des cafés pour couper le chauffage chez moi dès que je le peux. Mes collègues sont surpris de me voir autant ! » De son côté, Matthieu a entamé un bras de fer avec son manager outre-atlantique pour obtenir un défraiement compensatoire.
En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, légalement, les employeurs du privé ne sont pas tenus de rembourser les surcoûts occasionnés par le travail à domicile, sauf si une « allocation forfaitaire est prévue par la convention collective de branche, l’accord professionnel, interprofessionnel ou un accord de groupe », indique l’Urssaf. Autrement dit, si aucune information n’a circulé à ce sujet au sein de votre entreprise, vous avez intérêt à vous rapprocher des services des ressources humaines pour vérifier les accords passés. Dans le cas où votre employeur ne prévoit pas de remboursement des frais dans une charte ou un accord, vous êtes en droit de demander une indemnité forfaitaire plafonnée à dix euros par mois par journée de télétravail par semaine, soit 10 euros pour une journée de télétravail par semaine, 20 euros pour deux jours… Attention toutefois, ce type de prise en charge particulière est uniquement valable dans le cas où votre entreprise ne met pas de local à disposition des salariés.
Et comme beaucoup le savent, c’est souvent là où le bât blesse. Avec la mise en place d’un télétravail à la carte, l’entreprise de Julie dispose bien de bureaux en dur, même si ces derniers ne sont pas suffisamment grands pour accueillir tous les effectifs en même temps. Quand on sait qu’en 2021, 55% des entreprises envisageaient de s’y mettre, cette organisation en flex office risque de devenir une nouvelle norme. « Résultat, entre le manque de lien social qu’engendre le télétravail et la hausse des tarifs de l’énergie, tout le monde revient massivement au bureau et on manque vraiment d’espace », remarque la jeune femme. Jean-François Foulard, secrétaire national de la CFE-CGC, a, lui aussi, observé un changement de comportement des salariés depuis le contexte de crise énergétique sur fond de conflit entre la Russie et l’Ukraine : « Alors que le gouvernement multiplie les annonces pour généraliser le télétravail, nous, on voit un mouvement inverse. »
Une économie pour les entreprises mais des indemnités compensatoires encore trop rares dans le privé
Face aux risques de coupures d’électricité cet hiver, depuis quelques semaines, les ministres sont de plus en plus nombreux à promouvoir le télétravail qui permettrait, selon eux, d’atteindre une réduction de 10% de la consommation d’énergie sur les prochaines années par rapport à 2019. Cette estimation sur l’impact énergétique du télétravail ne sort pas de nulle part, mais fait partie des pistes de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour économiser 2,7 millions de barils par jour d’ici quatre mois. Concrètement, l’organisation internationale estime que trois jours de télétravail par semaine partout où c’est possible, ferait économiser 500 000 barils/jour en France.
Mais le principal avantage du télétravail est d’abord la suppression des trajets entre le domicile et le lieu de travail avant la consommation des bâtiments. Interrogé par le Figaro, le Réseau de Transport d’Electricité (RTE), précise en effet que l’économie d’énergie ne peut se faire que si les bureaux sont entièrement vides : « Si un seul étage est vide alors que le reste de l’immeuble est plein, ou même à moitié plein, impossible de couper le chauffage central et donc de réaliser des économies d’énergies significatives. »D’autres spécialistes et la plupart des syndicats de salariés estiment eux que le recours massif au télétravail engendrerait dans le pire des cas une addition des usages et au mieux, un report de la consommation d’énergie sur les ménages. « On voit bien l’intérêt des entreprises dont les factures d’électricité pourraient être multipliées par dix, alors que les salariés sont plutôt protégés par le bouclier tarifaire, mais c’est faire peser les charges sur eux », dénonce Jean-François Foucard, secrétaire national de la CFE-CGC dans les colonnes d’Alternatives économiques.
L’intérêt des entreprises pour le télétravail est donc tout à fait logique, mais les salariés du privé sont-ils prêts à accepter de continuer, voire intensifier cette pratique sans qu’il y ait toujours de compensation financière ? Les syndicats pensent que cela serait peu probable et estiment que le télétravail doit continuer de se faire sur la base du volontariat. « Ça me fait rire, parce qu’il y a quelques mois, les entreprises ne savaient pas comment faire revenir leurs salariés au bureau, maintenant les employeurs cherchent une solution pour nous renvoyer chez nous », constate Julie. En effet, un an après le début de la crise sanitaire, sept salariés sur dix pensaient qu’un retour en présentiel était nécessaire pour la cohésion des équipes, même si la moitié des télétravailleurs ne voulaient pas revenir au bureau comme avant, selon un baromètre OpinionWay publié le 26 mai 2021. Comme quoi, les envies et les besoins des entreprises comme des salariés sont aussi instables que l’actualité internationale. Quant aux deux voisins de palier, Julie et Matthieu n’ont pas fini de partager des pauses café ensemble.
Le gouvernement a beau multiplier les annonces pour encourager les entreprises à intensifier le recours au télétravail, les salariés du privé font tout pour éviter que les hausses des prix de l’énergie pèsent sur leurs finances en revenant massivement au bureau.
Julie est content manager dans une start-up depuis fin 2019. Bien avant l’arrivée du covid et de complications qui ont suivi, son entreprise proposait déjà du télétravail à la carte. Enthousiasmée par cette pratique, la jeune femme a rapidement pris l’habitude de se rendre dans les bureaux situés dans le centre de Paris une à deux fois par semaine ; juste ce qu’il faut pour garder un lien physique avec ses collègues. Depuis que la situation sanitaire semble s’être apaisée, elle aime également travailler dans les cafés et les espaces de coworking. Elle ajuste son environnement professionnel à ses envies et ses rendez-vous. Pour son voisin de palier en revanche, la situation est un peu plus inconfortable. Matthieu travaille tous les jours chez lui pour un studio d’animation américain qui a fermé les bureaux de sa filiale française, il y a bientôt deux ans. Équipé de deux écrans et d’un serveur très énergivore par son employeur, il est bloqué dans un espace qui lui sert à la fois de salon, de chambre et de bureau. Et maintenant que le gouvernement prévoit une hausse d’au moins 10% des prix de l’énergie au 1er 2023, il cherche un moyen de réduire le montant de ses factures d’électricité.
Les salariés autrefois en télétravail reviennent au bureau
Les situations de ces deux jeunes sont loin d’être anecdotiques et l’engouement des salariés pour le télétravail semble s’amenuiser à mesure que les prix de l’énergie augmentent.« Dans mon entreprise, il n’y a pas d’indemnité forfaitaire prévue pour les jours de télétravail, explique Julie. Et comme je suis dans un petit logement mal isolé, depuis septembre, j’ai tendance à venir beaucoup plus souvent dans les locaux de mon entreprise pour éviter que mes dépenses d’énergie explosent. D’ailleurs, je compte bien passer l’hiver au bureau ou dans des cafés pour couper le chauffage chez moi dès que je le peux. Mes collègues sont surpris de me voir autant ! » De son côté, Matthieu a entamé un bras de fer avec son manager outre-atlantique pour obtenir un défraiement compensatoire.
En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, légalement, les employeurs du privé ne sont pas tenus de rembourser les surcoûts occasionnés par le travail à domicile, sauf si une « allocation forfaitaire est prévue par la convention collective de branche, l’accord professionnel, interprofessionnel ou un accord de groupe », indique l’Urssaf. Autrement dit, si aucune information n’a circulé à ce sujet au sein de votre entreprise, vous avez intérêt à vous rapprocher des services des ressources humaines pour vérifier les accords passés. Dans le cas où votre employeur ne prévoit pas de remboursement des frais dans une charte ou un accord, vous êtes en droit de demander une indemnité forfaitaire plafonnée à dix euros par mois par journée de télétravail par semaine, soit 10 euros pour une journée de télétravail par semaine, 20 euros pour deux jours… Attention toutefois, ce type de prise en charge particulière est uniquement valable dans le cas où votre entreprise ne met pas de local à disposition des salariés.
Et comme beaucoup le savent, c’est souvent là où le bât blesse. Avec la mise en place d’un télétravail à la carte, l’entreprise de Julie dispose bien de bureaux en dur, même si ces derniers ne sont pas suffisamment grands pour accueillir tous les effectifs en même temps. Quand on sait qu’en 2021, 55% des entreprises envisageaient de s’y mettre, cette organisation en flex office risque de devenir une nouvelle norme. « Résultat, entre le manque de lien social qu’engendre le télétravail et la hausse des tarifs de l’énergie, tout le monde revient massivement au bureau et on manque vraiment d’espace », remarque la jeune femme. Jean-François Foulard, secrétaire national de la CFE-CGC, a, lui aussi, observé un changement de comportement des salariés depuis le contexte de crise énergétique sur fond de conflit entre la Russie et l’Ukraine : « Alors que le gouvernement multiplie les annonces pour généraliser le télétravail, nous, on voit un mouvement inverse. »
Une économie pour les entreprises mais des indemnités compensatoires encore trop rares dans le privé
Face aux risques de coupures d’électricité cet hiver, depuis quelques semaines, les ministres sont de plus en plus nombreux à promouvoir le télétravail qui permettrait, selon eux, d’atteindre une réduction de 10% de la consommation d’énergie sur les prochaines années par rapport à 2019. Cette estimation sur l’impact énergétique du télétravail ne sort pas de nulle part, mais fait partie des pistes de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour économiser 2,7 millions de barils par jour d’ici quatre mois. Concrètement, l’organisation internationale estime que trois jours de télétravail par semaine partout où c’est possible, ferait économiser 500 000 barils/jour en France.
Mais le principal avantage du télétravail est d’abord la suppression des trajets entre le domicile et le lieu de travail avant la consommation des bâtiments. Interrogé par le Figaro, le Réseau de Transport d’Electricité (RTE), précise en effet que l’économie d’énergie ne peut se faire que si les bureaux sont entièrement vides : « Si un seul étage est vide alors que le reste de l’immeuble est plein, ou même à moitié plein, impossible de couper le chauffage central et donc de réaliser des économies d’énergies significatives. »D’autres spécialistes et la plupart des syndicats de salariés estiment eux que le recours massif au télétravail engendrerait dans le pire des cas une addition des usages et au mieux, un report de la consommation d’énergie sur les ménages. « On voit bien l’intérêt des entreprises dont les factures d’électricité pourraient être multipliées par dix, alors que les salariés sont plutôt protégés par le bouclier tarifaire, mais c’est faire peser les charges sur eux », dénonce Jean-François Foucard, secrétaire national de la CFE-CGC dans les colonnes d’Alternatives économiques.
L’intérêt des entreprises pour le télétravail est donc tout à fait logique, mais les salariés du privé sont-ils prêts à accepter de continuer, voire intensifier cette pratique sans qu’il y ait toujours de compensation financière ? Les syndicats pensent que cela serait peu probable et estiment que le télétravail doit continuer de se faire sur la base du volontariat. « Ça me fait rire, parce qu’il y a quelques mois, les entreprises ne savaient pas comment faire revenir leurs salariés au bureau, maintenant les employeurs cherchent une solution pour nous renvoyer chez nous », constate Julie. En effet, un an après le début de la crise sanitaire, sept salariés sur dix pensaient qu’un retour en présentiel était nécessaire pour la cohésion des équipes, même si la moitié des télétravailleurs ne voulaient pas revenir au bureau comme avant, selon un baromètre OpinionWay publié le 26 mai 2021. Comme quoi, les envies et les besoins des entreprises comme des salariés sont aussi instables que l’actualité internationale. Quant aux deux voisins de palier, Julie et Matthieu n’ont pas fini de partager des pauses café ensemble.
Le gouvernement a beau multiplier les annonces pour encourager les entreprises à intensifier le recours au télétravail, les salariés du privé font tout pour éviter que les hausses des prix de l’énergie pèsent sur leurs finances en revenant massivement au bureau.
Julie est content manager dans une start-up depuis fin 2019. Bien avant l’arrivée du covid et des complications qui ont suivi, son entreprise proposait déjà du télétravail à la carte. Enthousiasmée par cette pratique, la jeune femme a rapidement pris l’habitude de se rendre dans les bureaux situés dans le centre de Paris une à deux fois par semaine ; juste ce qu’il faut pour garder un lien physique avec ses collègues. Depuis que la situation sanitaire semble s’être apaisée, elle aime également travailler dans les cafés et les espaces de coworking. Elle ajuste son environnement professionnel à ses envies et ses rendez-vous. Pour son voisin de palier en revanche, la situation est un peu plus inconfortable. Matthieu travaille tous les jours chez lui pour un studio d’animation américain qui a fermé les bureaux de sa filiale française, il y a bientôt deux ans. Équipé de deux écrans et d’un serveur très énergivore par son employeur, il est bloqué dans un espace qui lui sert à la fois de salon, de chambre et de bureau. Et maintenant que le gouvernement prévoit une hausse d’au moins 10% des prix de l’énergie au 1er 2023, il cherche un moyen de réduire le montant de ses factures d’électricité.
Les salariés autrefois en télétravail reviennent au bureau
Les situations de ces deux jeunes sont loin d’être anecdotiques et l’engouement des salariés pour le télétravail semble s’amenuiser à mesure que les prix de l’énergie augmentent.« Dans mon entreprise, il n’y a pas d’indemnité forfaitaire prévue pour les jours de télétravail, explique Julie. Et comme je suis dans un petit logement mal isolé, depuis septembre, j’ai tendance à venir beaucoup plus souvent dans les locaux de mon entreprise pour éviter que mes dépenses d’énergie explosent. D’ailleurs, je compte bien passer l’hiver au bureau ou dans des cafés pour couper le chauffage chez moi dès que je le peux. Mes collègues sont surpris de me voir autant ! » De son côté, Matthieu a entamé un bras de fer avec son manager outre-atlantique pour obtenir un défraiement compensatoire.
En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, légalement, les employeurs du privé ne sont pas tenus de rembourser les surcoûts occasionnés par le travail à domicile, sauf si une « allocation forfaitaire est prévue par la convention collective de branche, l’accord professionnel, interprofessionnel ou un accord de groupe », indique l’Urssaf. Autrement dit, si aucune information n’a circulé à ce sujet au sein de votre entreprise, vous avez intérêt à vous rapprocher des services des ressources humaines pour vérifier les accords passés. Dans le cas où votre employeur ne prévoit pas de remboursement des frais dans une charte ou un accord, vous êtes en droit de demander une indemnité forfaitaire plafonnée à dix euros par mois par journée de télétravail par semaine, soit 10 euros pour une journée de télétravail par semaine, 20 euros pour deux jours… Attention toutefois, ce type de prise en charge particulière est uniquement valable dans le cas où votre entreprise ne met pas de local à disposition des salariés.
Et comme beaucoup le savent, c’est souvent là où le bât blesse. Avec la mise en place d’un télétravail à la carte, l’entreprise de Julie dispose bien de bureaux en dur, même si ces derniers ne sont pas suffisamment grands pour accueillir tous les effectifs en même temps. Quand on sait qu’en 2021, 55% des entreprises envisageaient de s’y mettre, cette organisation en flex office risque de devenir une nouvelle norme. « Résultat, entre le manque de lien social qu’engendre le télétravail et la hausse des tarifs de l’énergie, tout le monde revient massivement au bureau et on manque vraiment d’espace », remarque la jeune femme. Jean-François Foulard, secrétaire national de la CFE-CGC, a, lui aussi, observé un changement de comportement des salariés depuis le contexte de crise énergétique sur fond de conflit entre la Russie et l’Ukraine : « Alors que le gouvernement multiplie les annonces pour généraliser le télétravail, nous, on voit un mouvement inverse. »
Une économie pour les entreprises mais des indemnités compensatoires encore trop rares dans le privé
Face aux risques de coupures d’électricité cet hiver, depuis quelques semaines, les ministres sont de plus en plus nombreux à promouvoir le télétravail qui permettrait, selon eux, d’atteindre une réduction de 10% de la consommation d’énergie sur les prochaines années par rapport à 2019. Cette estimation sur l’impact énergétique du télétravail ne sort pas de nulle part, mais fait partie des pistes de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour économiser 2,7 millions de barils par jour d’ici quatre mois. Concrètement, l’organisation internationale estime que trois jours de télétravail par semaine partout où c’est possible, ferait économiser 500 000 barils/jour en France.
Mais le principal avantage du télétravail est d’abord la suppression des trajets entre le domicile et le lieu de travail avant la consommation des bâtiments. Interrogé par le Figaro, le Réseau de Transport d’Electricité (RTE), précise en effet que l’économie d’énergie ne peut se faire que si les bureaux sont entièrement vides : « Si un seul étage est vide alors que le reste de l’immeuble est plein, ou même à moitié plein, impossible de couper le chauffage central et donc de réaliser des économies d’énergies significatives. »D’autres spécialistes et la plupart des syndicats de salariés estiment eux que le recours massif au télétravail engendrerait dans le pire des cas une addition des usages et au mieux, un report de la consommation d’énergie sur les ménages. « On voit bien l’intérêt des entreprises dont les factures d’électricité pourraient être multipliées par dix, alors que les salariés sont plutôt protégés par le bouclier tarifaire, mais c’est faire peser les charges sur eux », dénonce Jean-François Foucard, secrétaire national de la CFE-CGC dans les colonnes d’Alternatives économiques.
L’intérêt des entreprises pour le télétravail est donc tout à fait logique, mais les salariés du privé sont-ils prêts à accepter de continuer, voire intensifier cette pratique sans qu’il y ait toujours de compensation financière ? Les syndicats pensent que cela serait peu probable et estiment que le télétravail doit continuer de se faire sur la base du volontariat. « Ça me fait rire, parce qu’il y a quelques mois, les entreprises ne savaient pas comment faire revenir leurs salariés au bureau, maintenant les employeurs cherchent une solution pour nous renvoyer chez nous », constate Julie. En effet, un an après le début de la crise sanitaire, sept salariés sur dix pensaient qu’un retour en présentiel était nécessaire pour la cohésion des équipes, même si la moitié des télétravailleurs ne voulaient pas revenir au bureau comme avant, selon un baromètre OpinionWay publié le 26 mai 2021. Comme quoi, les envies et les besoins des entreprises comme des salariés sont aussi instables que l’actualité internationale. Quant aux deux voisins de palier, Julie et Matthieu n’ont pas fini de partager des pauses café ensemble.
Source : Welcome to the jungle