Automatisation : servir l’humain autant que l’entreprise
Remettre l’humain au coeur de la transformation digitale, voilà ce à quoi devrait aboutir l’intégration des nouveaux outils digitaux – RPA, Cloud, IA, chatbots… – c’est en tout cas le voeu que font de nombreux acteurs du secteur.
La pandémie et l’accélération de la digitalisation ont rendu l’automatisation de leur processus incontournable pour les organisations, avec « une intensification de la recherche de gains de productivité » souligne Mazars dans l’édition 2021 de son étude annuelle sur les tendances du marché de la robotisation des processus ou RPA.
Et, d’ajouter « La robotisation des processus devient une source de résilience dans les périodes de crise. » L’automatisation des fonctions support (DSI, RH, logistique, …) apparaissant désormais comme un levier majeur pour les entreprises au service de leur transformation.
Une source de résilience
Un mouvement déjà bien enclenché selon Gartner, qui estime que d’ici à 2022, 90 % des grandes entreprises devraient avoir mis en place un projet de RPA dans leur organisation.
PME et ETI sont également entrées dans la danse. « 69 % d’entre elles déclarent que leur transformation digitale impacte déjà leur modèle économique, 72 % leur modèle opérationnel ; 71 % des ETI qu’elles veulent encore accélérer leurs investissements dans le digital » remarque Alain Conrard, le président de la commission digitale du METI, le mouvement des entreprises de taille intermédiaire.
Stéphane Bourgeais, le fondateur du Groupe SBSR, qui accompagne les entreprises dans leur développement informatique de souligner « dans certaines entreprises, IA et SI impulsent déjà le rythme de développement et la stratégie. Être bon sur ses métiers ne suffit plus, il faut aussi savoir être bons sur ses outils numériques. »
Métiers et fonctions supports
Une tendance qui va aujourd’hui d’ailleurs bien au-delà des fonctions métiers et s’attaque aux fonctions supports. Avec dans le peloton de tête « toutes les fonctions le plus ‘processées’ : finance, achats, logistique, supply chain, etc. », détaille Christophe Platet, le fondateur du cabinet de conseil en management, Lundano.
Quand la RH, elle, continue de s’équiper en intégrant de plus en plus d’outils – onboarding, logiciels de paie, de congés… – et d’opérer sa mue culturelle. Et, l’expert d’insister « Avec la généralisation du télétravail, la RH possède aujourd’hui tous les leviers pour s’automatiser. » Conséquence de l’hybridation des lieux de travail : il devient en effet indispensable de simplifier le quotidien des collaborateurs.
Favoriser les activités à forte valeur ajoutée
Dans les RH comme dans les fonctions transverses, l’automatisation supprime les tâches répétitives, sources de tant d’erreurs – saisies multiples, envoi de mails… – au profit d’activités à plus forte valeur ajoutée », poursuit-il. Avec en parallèle pour les managers la nécessité de troquer leurs anciennes manières de faire pour basculer vers une culture plus centrée sur le résultat. Ce qui redonnera d’ailleurs aussi du sens au travail de chacun.
Stéphane BourgeaisFondateur du Groupe SBSR"Être bon sur ses métiers ne suffit plus, il faut aussi savoir être bons sur ses outils numériques"
Autre frein selon Florent François, Chief Executive Officer chez Logistics Operations, spécialiste d’une logistique digitale et responsable : le déploiement. « S’équiper reste cher même quand on est une grosse entreprise, et cela prend du temps », assure le CEO.
C’est pourquoi, Florent François mise beaucoup sur les applications ‘no code’. Il a ainsi fait appel à la jeune pousse de Roman Navalpotro, C-981, lancée au printemps 2021. Cet ancien du Numa, cible en particulier les fournisseurs de la chaîne de valeur de l’aéronautique, en leur proposant un outil simple et souple dont les opérationnels peuvent s’emparer pour créer leurs propres applis mobiles et fluidifier par exemple les déclarations de non-conformité en remplacement du papier. Une appli qui vient s’intégrer directement dans Teams.
Tout un écosystème
IA, chat, Data, cloud… Tout un écosystème est ainsi en train de se mettre en place autour de l’automatisation. Bien au-delà des principaux pourvoyeurs de plateformes RPA.
Reste que, « on commence à peine à digitaliser des petits morceaux de processus, les approches ‘massives’ sont encore rares », pointe Florian Carrière, Senior Manager chez Wavestone, qui s’intéresse notamment aux technologies émergentes. Avec pour préalable, poursuit-il, de « réinterroger son approche, son fonctionnement, ses processus. » Et, de marteler « les outils doivent d’abord être des solutions au service de la stratégie, et non l’inverse. ‘Tech for business’, comme on dit chez Wavestone. »
Sans coutures
Avec aussi, pour chacun, comme objectif de s’insérer au mieux dans les workflows existants au sein des organisations, pour tendre de plus en plus à une forme de continuité numérique. « On parle de ‘transparent design’ : il faut s’intégrer aux outils existants, casser les silos, et ne pas ajouter de complexité aux utilisateurs », analyse Roman Navalpotro de C-981.
« L’enjeu est de simplifier l’expérience collaborateur en interne, et de favoriser le ‘sans coutures’ avec un énorme travail de mise en relation à effectuer entre tous ces outils pour y parvenir » abonde Christophe Platet.
Roman Navalpotro, de renchérir « la première vague d’automatisation a été centrée sur la relation client, la séquence qui s’ouvre le sera certainement sur le client interne ».
Ce qui n’est d’ailleurs pas à décorréler de la performance de l’entreprise. L’idée étant de donner aux dirigeants les outils adéquats « afin de leur permette d’améliorer leur performance économique et environnementale », poursuit le jeune entrepreneur.
Mais encore faudra-t-il savoir impliquer les collaborateurs, en leur donnant les moyens de le faire. « Car, si on leur impose, cela ne fonctionnera pas », conclut Florent François. L’automatisation au service de l’humain. Voici certainement la prochaine frontière.
Source : Les Echos