Semaine de 4 jours : encore beaucoup de réticences
The Adecco Group et le CRÉDOC viennent de publier une étude sur les aspirations de la population active quant à la semaine de 4 jours et les intentions employeurs à propos de ce nouveau rythme de travail. Il apparaît que certains obstacles peuvent encore freiner sa mise en œuvre et générer de nouveaux risques pour ses bénéficiaires.
Selon l’étude publiée par Adecco et le CRÉDOC, 49 % des personnes interrogées sont favorables à la semaine de 4 jours. Elle permettrait de disposer de plus de temps personnel et familial (51 %) et de bénéficier d’un meilleur équilibre de vie (43 %). Cette nouvelle organisation peut donc constituer un levier d’attractivité et aider à réduire les inégalités salariales hommes/femmes.
Un allongement des journées de travail redouté
Certains salariés seraient cependant moins avantagés comme les personnes en horaires décalés et les cadres managers, avec de nombreux griefs pesant notamment sur l’allongement et l’intensification des journées de travail qu’un tel emploi du temps entraînerait. Un allongement des journées dû à cette organisation sur 4 jours pourrait ainsi peser sur les femmes qui réalisent encore une large majorité des activités parentales. Les familles monoparentales sont également moins séduites, les contraintes d’organisation et de garde d’enfant rendant cet emploi du temps plus difficile à gérer. Seuls 46 % de ces salariés seraient satisfaits de cette organisation, contre 49 % pour l’ensemble de la population. Les personnes en situation de handicap ou atteintes de maladie chronique sont aussi réservées. 24 % craignent pour leur santé physique et mentale, contre 14 % en moyenne et 36 % redoutent des journées trop fatigantes (contre une moyenne de 33 %).
Plus globalement, un allongement des journées de travail entraînerait plus de fatigue pour 33 % des actifs. Une précédente étude avait déjà indiqué par le passé que 68 % des actifs entre 40 et 59 ans redoutaient de ne pas pouvoir tenir ce nouveau rythme jusqu’à la retraite.
De nombreuses conséquences économiques et sociales
De manière très globale, les répercussions économiques de la semaine de 4 jours devront être anticipées. L’extension des horaires de travail entraînera ainsi des frais de garde supplémentaires pour les salariés aux enfants scolarisés. Certains DRH ou dirigeants évoquent aussi les regrets des salariés quant à la réduction du nombre de tickets restaurants. La semaine de 4 jours pourrait enfin entraîner une charge supplémentaire pour les managers confrontés à la mise en place de plannings de plus en plus complexes…
En lieu et place de cette organisation, une plus grande flexibilité des horaires de travail pourrait convenir à 44 % des actifs interrogés. Certaines entreprises ont par ailleurs adopté un modèle de temps « convenu » reposant sur la planification des heures de travail et du volume horaire en fonction des contraintes de chacun.
* Enquête réalisée entre le 28 septembre et le 9 octobre 2023 auprès de 2976 personnes de 15 ans et plus résidant en France + enquête qualitative auprès de 7 DRH et dirigeants d’entreprise expérimentant des changements de rythme
Source : Focus RH