La RSE s’impose dans les entreprises, mais à des rythmes différents
Le Baromètre RSE 2024 de Vendredi et Kantar montre que la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) prend une place de plus en plus importante dans les entreprises. Toutefois, les moteurs, les freins et la structuration diffèrent selon les tailles d’entreprises.
« Ma plus grande réjouissance, c’est que la RSE se soit imposée », salue Julian Guerin, cofondateur de l’entreprise Vendredi, qui propose une plateforme d’engagement citoyen pour les entreprises. Il conclut avec ces mots la restitution du Baromètre RSE 2024, publié le 17 avril et réalisé pour la troisième fois avec le cabinet Kantar.
En effet, le baromètre montre une accélération de la responsabilité sociétale des entreprises. Sur les 1 000 entreprises interrogées, 76 % ont un budget dédié à la RSE, contre 68 % en 2022, et 78 % une équipe dédiée, contre 70 % en 2022. A noter, si les 1000 entreprises répondantes proviennent de secteurs multiples et sont de toutes les tailles, elles « sont, pour la plupart, plus engagées autour des enjeux RSE que la moyenne des entreprises françaises », peut-on lire en introduction. Les très petites entreprises (TPE) sont donc faiblement représentées et les secteurs « historiquement sensibilisés aux enjeux RSE » plus représentés.
LES OBLIGATIONS LÉGALES ONT DES CONSÉQUENCES SUR L’ACTIVITÉ DES PME
Les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont avant tout motivées par les obligations légales. La corporate sustainability reporting directive (CSRD) est à ce titre un vrai moteur. Ce texte européen exige des entreprises de plus de 250 salariés qu’elles réalisent un reporting extra-financier, c’est-à-dire qu’elles rendent compte des conséquences sociétales, environnementales et de gouvernance de leur activité. La loi française sur le devoir de vigilance et son équivalent européen, la corporate sustainability due diligence directive (CSDDD) font aussi partie des contraintes légales qui accélèrent les démarches RSE dans les grandes entreprises.
Pour autant, la RSE mobilise l’ensemble des structures interrogées, jusqu’aux TPE. 46 % d’entre elles ont chargé une personne de la RSE dans leur équipe. C’est aussi le cas de 77 % des petites et moyennes entreprises (PME). Dans les TPE, c’est l’image de marque qui motive d’abord les actions RSE, puis la volonté de la direction et l’urgence sociale et environnementale. Dans les PME, c’est d’abord l’urgence sociale et environnementale puis la volonté de la direction et l’image de marque.
Une autre raison peut inciter les petites entreprises à accélerer leur démarche RSE : elles peuvent avoir des clients et fournisseurs de plus grande taille, soumis aux obligations légales de reporting extra-financier, explique Sébastien Guillon, directeur de mission RSE au sein du cabinet spécialisé Haatch et présent à la restitution du baromètre. Les PME estiment qu’elles se retrouveront « en décalage par rapport aux grands groupes et aux autres entreprises » si elles ne mettent pas elles-mêmes des politiques en place. Julie de Mony-Pajol, impact manager de l’entreprise Ecovadis, également présente à la restitution, observe une « une forte accélération de la maturité des petites entreprises ».
PLUS DE LABELS DANS LES GRANDES ENTREPRISES
Les démarches RSE des petites entreprises sont pour autant moins structurées et matures que celles des grandes entreprises. 88 % des grandes entreprises et 63 % des ETI intègrent des indicateurs d’impact à leurs indicateurs de performance (key performance indicators, KPI), contre 58 % des TPE et des PME.
Illustration de cette moindre structuration : 61 % des grandes entreprises disposent d’au moins un label, une certification ou une notification contre 48 % des ETI, 34 % des PME et 24 % des TPE.
Par contre, les plus grandes entreprises rencontrent plus de difficultés à mobiliser leurs équipes autour de la démarche RSE. 66 % des TPE mobilisent au moins les trois quarts des effectifs, contre 19 % des PME, 14 % des grandes entreprises et 7 % des ETI.
DIFFICULTÉ À MESURER L’IMPACT ET MANQUE DE BUDGET
Dans toutes les tailles d’entreprises, le manque de temps et d’équipe fait partie des trois freins principaux au déploiement de la politique RSE. C’est d’ailleurs le frein principal dans les PME, les ETI et les grandes entreprises (GE). C’est le deuxième frein, après le manque de budget, au sein des TPE.
Pour les ETI et les PME, les deuxième et troisième freins principaux sont la difficulté à mesurer l’impact ou le retour sur investissement (ROI) et le manque de budget. Pour les grandes entreprises, c’est la difficulté à impliquer le management intermédiaire puis le manque de budget et la difficulté à mesurer l’impact ou le ROI.
Source : Carenews