Bureaux: la demande des entreprises a changé
Les bâtiments énergivores et les surfaces peu modulables ne trouvent plus preneurs à moins d’être dans un quartier recherché. Le taux de vacance augmente alors que de nouvelles offres innovantes voient le jour avec des espaces de réunion plus conviviaux
Obsolètes, de nombreux bureaux ne sont plus adaptés aux besoins des entreprises. Et quand l’offre ne rencontre plus de demande, les bâtiments restent vides. Celle-ci « a beaucoup augmenté entre la fin du premier semestre 2020 et la fin du premier semestre 2021, avant de commencer à se stabiliser. Fin 2021, il y avait 4 millions de mètres carrés de bureaux disponibles en Ile-de-France contre 2,7 millions à la fin de 2019, juste avant la crise sanitaire » explique David Bourla, directeur des études chez Knight Frank. Cela représente un taux de vacance de 7,3%.
« C’est le chiffre le plus élevé depuis 2015 » précise David Bourla. Il est nettement supérieur à La Défense (près de 13%) ou à Saint-Ouen et Clichy (20% environ), mais reste très réduit dans Paris (4% environ en moyenne). L’écart entre anciens et modernes se creuse d’autant plus vite que de nombreux bâtiments flambants neufs ou rénovés sont arrivés sur le marché : plus d’un million de mètres carrés nouveaux entre le premier semestre 2020 et le premier semestre 2021. Le rythme de mise sur le marché ralentit toutefois depuis mi 2021, notamment pour les grandes surfaces.
Politique RSE. « Toutes les grandes entreprises réfléchissent au sujet immobilier. Elles cherchent des bâtiments innovants, respectueux de l’environnement pour entrer dans le cadre de leur politique RSE en privilégiant ceux qui offrent des espaces collectifs plus importants qu’avant », souligne Stéphane Theuriau, associé chez BC Partners, un fonds d’investissement immobilier.
La pandémie a changé la donne. Le télétravail, le flex officeavec des postes qui peuvent être partagés en fonction de la présence ou non des salariés, tendent à réduire les surfaces de bureaux proprement dites. Mais parallèlement, les entreprises recherchent des espaces de réunions conviviaux et plus grands. « On vient au bureau pour faire ce qu’on ne peut pas faire chez soi, réunir les équipes, rencontrer les clients, montrer ses produits. C’est un vrai changement », analyse Stéphane Theuriau.
Un changement qui va au-delà des espaces conviviaux des start-ups et des lieux de coworking avec baby-foot et transats autour de la machine à café. Les entreprises et les professionnels de l’immobilier repensent les usages. Hausse des prix de l’énergie, économie décarbonée pourraient limiter les déplacements pendulaires entre domicile et bureau. « Les grands immeubles avec 7 à 8000 salariés n’ont de toute façon pas d’intérêt en termes de gestion d’équipes », estime Stéphane Theuriau. Moins gourmands en énergie, plus respectueux de l’environnement, les nouveaux bâtiments cochent aussi les cases pour les entreprises dont l’empreinte carbone est scrutée.
La transformation des immeubles de bureaux obsolètes est, elle, un vaste chantier. « Dans certains quartiers, les prix du résidentiel sont parfois plus élevés que ceux des bureaux, c’est le cas dans certaines villes de deuxième couronne parisienne. Transformer des bureaux en logements a alors du sens », souligne David Bourla. Reste à savoir si ces évolutions structurelles seront ralenties par la hausse des matières premières et la stagflation redoutée…
Source : L’Opinion